Histoire

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L'ordre cistercien

Les moines de Lérins par Jérôme Kelagopian

L’ordre cistercien est fondé en 1098 par Robert de Molesme, moine bénédictin. Revenons ensemble sur l’histoire de cet ordre qui fut l’un des plus puissants de l’Occident médiéval…

Une place prépondérante de la religion chrétienne dans la société médiévale

Au Moyen Âge, l’Europe connaît une expansion extraordinaire. Après les siècles troublés par les grandes invasions, les XIe et XIIe siècles marquent une période de stabilité. Des progrès sont réalisés dans les techniques agricoles, le commerce se développe et la population augmente.

La religion chrétienne tient une place prépondérante dans la société de ce temps. Au XIe siècle, « le monde se secoue pour se dépouiller de sa vétusté et se revêt d’un blanc manteau d’églises », pour reprendre l’expression fameuse du moine chroniqueur Raoul Glaber dans son Historiarum sui Temporis.

De nouveaux ordres religieux sont créés : Chartreux, Cisterciens...

Les monastères vont contribuer pour une grande part à la création de ce blanc manteau.

Abbaye de Cîteaux (vue aérienne)
Abbaye de Cîteaux (vue extérieure)

©GJ - Abbaye de Cîteaux

Un retour à l'humilité, la pauvreté et l'équilibre, entre labeur et prière

Le souhait de Robert de Molesme est de revenir à la règle primitive de saint Benoît dont les principales caractéristiques sont le respect de l’humilité, la pauvreté et l’équilibre entre le travail manuel et la prière.

La grande abbaye bénédictine de l’époque est celle de Cluny fondée en 909. Mais à la fin du XIe siècle, l’abbaye est le siège de beaucoup d’excès et de dérives, caractérisés par trop grande richesse allant à l’encontre des principes de la règle bénédictine. Les moines passent la plupart de leur temps en liturgie et méprisent le travail manuel.

Cette période marque aussi le début de la construction d’une nouvelle et immense église abbatiale, Cluny III. Imaginez que seule l’église de Saint-Pierre de Rome, au XVIe siècle, la dépassera en taille !

Abbaye de Cluny, église abbatiale, vue extérieure de la chapelle Saint-Étienne, bras sud du grand transept de Cluny III
Abbaye de Cluny, église abbatiale, vue extérieure de la chapelle Saint-Étienne, bras sud du grand transept de Cluny III

© Patrick Tournebœuf - Tendance floue / Centre des monuments nationaux

La première abbaye cistercienne : Notre-Dame de Cîteaux

Accompagné d’une vingtaine de moines, Robert quitte Molesme et part fonder la première abbaye cistercienne : Notre Dame de Cîteaux, à 20 km au sud de Dijon. Le nom de cette nouvelle abbaye vient probablement de cistel (roseau, lieu marécageux en ancien français).

C’est avec Bernard de Clairvaux, entré à Cîteaux en 1112 que l’ordre va vraiment connaître son ascension. Dès 1113, l’abbaye engendre quatre filles : La Ferté (1113), Pontigny (1114), Clairvaux (1115), Morimond (1115). Ces fondations sont des succès et essaimeront à leur tour.

Abbaye de Cîteaux en fleurs
Abbaye de Cîteaux en fleurs

©Abbaye de Cîteaux

L'abbaye du Thoronet, idéal cistercien

Au XIIIe siècle, l’ordre compte plus de 700 abbayes dans toute l’Europe dont 180 sont implantées en France. Conformément à l’idéal cistercien, elles sont édifiées dans des lieux isolés, loin du tumulte des villes, à proximité de l’eau. L’abbaye du Thoronet en est un parfait exemple.

Comme ils se consacrent aussi à des tâches matérielles telles que l’agriculture, les Cisterciens vont participer à la révolution économique qui s’amorce au Moyen Âge : défrichages, création de matériel agricole, activités métallurgiques, moulins, marais salants…

Abbaye du Thoronet, vue sur le chevet
Abbaye du Thoronet, vue sur le chevet

©Nathalie Perrot / Centre des monuments nationaux

Le déclin de l'ordre cistercien

Dès le XIIIe siècle cependant, l’ordre décline. Avec l’accroissement des échanges et du commerce, le développement des villes, la naissance, avec la réalité urbaine, d’une société nouvelle, les Cisterciens (mais plus largement tous les autres ordres monastiques) vont être peu à peu écartés au profit des ordres mendiants (Franciscains, Dominicains…).

En mettant au premier rang des vertus chrétiennes la pauvreté et en demandant à leurs membres de mendier, les ordres mendiants vont se distinguer des Cisterciens dont l’accumulation des richesses (dîmes, droits seigneuriaux, investissements immobiliers) commence à les dévier de leur mission originelle fixée par leurs fondateurs.

Supprimé à la Révolution française, l’ordre va renaître au XIXe siècle. Aujourd’hui, quatre cents abbayes sont disséminées à travers le monde. Elles appartiennent aux deux obédiences cisterciennes, la stricte observance (les trappistes) et la commune observance.  

Cette incursion dans le monde des Cisterciens vous a donné envie d’explorer de façon plus approfondie l’abbaye du Thoronet ? L’une de nos visites thématiques répond probablement à votre désir d’en apprendre plus !

Abbaye du Thoronet, salle capitulaire
Abbaye du Thoronet, salle capitulaire

© Étienne Revault / Centre des monuments nationaux

Photo d'illustration de haut de page : 

Les moines des îles de Lérins photographiés par Jérôme Kélagopian (avec leur aimable autorisation)

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