Histoire

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Histoire de l'abbaye du Thoronet

Abbaye du Thoronet, vue orientale

Édifiée au XIIe siècle, l’abbaye du Thoronet est considérée comme la « merveille » des abbayes cisterciennes de Provence. Ce monument à l’acoustique remarquable a marqué des générations d’architectes parmi lesquels Le Corbusier, Fernand Pouillon, John Pawson ou encore Tadao Ando !

Au commencement...

Les origines de l'abbaye du Thoronet

L'abbaye du Thoronet, fondée par des moines de l’ordre de Cîteaux dans l’arrière-pays varois, fut édifiée pour l'essentiel entre 1160 et 1190 et achevée en 1250. Elle constitue un ensemble architectural de l'époque romane présentant les caractéristiques de l’architecture cistercienne dont la pureté, le dépouillement et les proportions harmonieuses.

Obéissant à une règle inspirée de celle de saint Benoît qui imposait une vie de prière et de travail dans un lieu à l’écart du monde, une colonie de moines venue de l’abbaye de Mazan (Ardèche) construit d’abord Notre-Dame de Florielle sur le territoire de Tourtour. Les conditions d’accès y étant trop difficiles, les moines préfèrent le site du Thoronet, à la fois retiré au pied des monts de l’Ubac et peu éloigné de la vallée de l’Argens et de la route entre Saint-Maximin et Fréjus, siège d’un évêché. Ils sont sûrs de bénéficier sur cette terre reçue de seigneurs locaux, de ressources naturelles abondantes.

L'abbaye du Thoronet est l’une des trois abbayes cisterciennes de Provence avec Sénanque et Silvacane.

Abbaye du Thoronet vue du ciel

© Dominique Grandemange / Centre des monuments nationaux

  • 1250 Année d'achèvement de l'abbaye du Thoronet

Les difficultés au quotidien

Au XIIIe siècle, l’abbaye abrite une vingtaine de moines et quelques dizaines de convers, frères laïques affectés à l’exploitation des domaines ruraux : les granges (domaines agricoles) et les celliers (domaines viticoles et oléicoles). Grâce à des donations des comtes de Provence et aussi de riches familles locales, les moines se constituent un riche patrimoine foncier composé de terres de culture, de pâturages et de salines .

Mais moins de deux siècles plus tard, le déclin de l’abbaye est entamé. L’abbaye change le mode de valorisation de ses propriétés qui sont affermées ou vendues. Elle est placée sous le régime de la commende  en 1430 et les abbés successifs, nommés par le roi de France et non plus élus parmi et par les moines de l’abbaye, reçoivent à titre personnel une partie de ses bénéfices ecclésiastiques. Éloignés, les abbés commendataires se préoccupent peu de l’abbaye.

Pendant les guerres de Religion, les moines abandonnent provisoirement l’abbaye. En 1660, le prieur fait état de "la grande nécessité que les bâtiments de cette abbaye ont d'être réparés étant en piteux état".

Le départ des derniers moines

En 1791, on assiste au départ des six derniers moines et l’abbaye est vendue comme bien national à des particuliers qui y installent des étables et des granges.

Vue de l'église abbatiale depuis l'allée des micocouliers
Vue de l'église abbatiale depuis l'allée des micocouliers

© Ambroise Tézenas / Centre des monuments nationaux

La résurrection

Au XIXe siècle, l’abbaye bénéficie de l’engouement des érudits, notamment Prosper Mérimée et les architectes des monuments historiques. Elle est classée monument historique en 1840 et sa restauration débute en 1841 par l’église.

À partir de 1854, l’État rachète progressivement le site. La porterie  est reconstruite en 1939 à partir des vestiges encore importants trouvés en place et un bâtiment d’accueil lui est accolé dans les années 1990. Les glissements de terrain apparus à la suite de l’ouverture d’une exploitation industrielle de la bauxite  entre 1945 et 1990 ont affecté certains bâtiments tels que la grange dîmière  qui a dû être consolidée.

Porterie et bâtiment d'accueil de l'abbaye du Thoronet

©Nathalie Perrot

L'abbaye, source d'inspiration

Henri Révoil, architecte des monuments historiques, écrivait en 1873 :

L’abbaye du Thoronet est un lieu délaissé depuis de nombreuses années et cependant, il en est peu de cette époque qui soient aussi complets et aussi intéressants.

Après maintes restaurations, l’abbaye est devenue un monument emblématique de l’art et de l’idéal de vie cisterciens. Nombre d’architectes de renommée mondiale ont trouvé dans son architecture une source d’inspiration pour leurs créations dont Le Corbusier pour le couvent de la Tourette près de Lyon, Fernand Pouillon avec ses immeubles d’habitation sur le port de Marseille et plus récemment John Pawson qui a développé une approche minimaliste de l’architecture.

L’histoire de l’abbaye du Thoronet vous a donné soif de plus de connaissances ? L’une de nos visites, l’un de nos ateliers sont certainement faits pour vous !

Couvent Sainte-Marie-de-la-Tourette vu du patio depuis le sud-ouest
Couvent Sainte-Marie-de-la-Tourette vu du patio depuis le sud-ouest

© Pascal Lemaître / Centre des monuments nationaux

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